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A dix mois des élections européennes, l’UKIP, le PVV et le FN sont donnés gagnant dans leur pays, respectivement le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la France.

UKIP, PVV et FN : si vous aimez parier, misez sur ce tiercé gagnant pour la course de mai 2014.

A dix mois des élections européennes, ces trois partis politiques sont donnés gagnant dans leur pays, respectivement le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la France. Trois partis qui ne cachent pas leurs programmes anti-européens, ou plutôt anti-union européenne. Trois partis avec des leaders charismatiques qui, selon leurs dires, incarnent l’anti-pouvoir et le sauvetage des citoyens européens pris en otage par les méchants eurocrates. Ces trois partis veulent que leur pays sorte de l’Union, ou mieux : la destruction pure et simple des institutions européennes et le retour des frontières nationales.

Union ironique

Comment obtenir ce ‘vaste programme’ ? La réponse, sans ironie, des partis nationalistes : avec plus de collaboration européenne ! Selon le populiste néerlandais, Geert Wilders, il y aura ‘une révolution en Europe’ et il faudra faire front commun avec tous les partis nationalistes européens. Même si dans chaque pays les enjeux sont différents, la tendance est identique : les programmes anti-européens sont de plus en plus populaires en temps de crise, sans pour autant proposer de véritables solutions.

Aux Pays-Bas et en France, la majorité de la population veut rester dans l’UE, mais en même temps une grande partie de la population votera pour les partis eurosceptiques. Ce paradoxe s’explique par une absence de vision pour l’Europe chez les grands partis historiques. En France, ni le PS, ni l’UMP n’ont une idée de l’Europe de l’après-crise. Les échanges musclés récents entre le gouvernement français et la Commission européenne montrent à quel point les politiques sont mal à l’aise avec le thème. Les partis avec un discours pro-européen, à savoir l’UDI et l’EELV, sont malheureusement inaudibles. C’est exactement ce manque de clarté et de courage qui profitera à Marine Le Pen l’année prochaine.

Groupe eurosceptique

Selon les sondages, le Front national obtiendrait entre 18 et 21 pourcent des voix. Cela veut dire que le nombre de députés européens FN sera au moins quadruplé. Il pourrait même devenir le plus grand parti français au Parlement européen. Marine Le Pen a déjà fait savoir qu’elle songerait à monter un groupe parlementaire. Pour cela, il faut en effet au minimum 25 députés venant d’un quart des Etats membres (7 en 2014) pour y prétendre. Les souverainistes britanniques, sous l’égide de Nigel Farage, furent hostiles à un rapprochement avec Jean-Marie Le Pen, mais sont plus sensibles à Marine Le Pen, qui a su changer l’image de son parti. Le PVV néerlandais, le FN et l’UKIP anglais pourraient atteindre facilement les 50 députés, voire plus (sur 751). Il suffit de rallier des Flamands, des Autrichiens, des Italiens et des Hongrois et le grand groupe eurosceptique verra le jour. Une situation un brin ubuesque, car l’objectif principal de ce groupe sera de détruire l’UE de l’intérieur, tout en étant financé par le Parlement européen lui-même.

Nous avons pu voir à Villeneuve-sur-Lot que la réponse facile, le ‘front républicain’, ne fonctionne pas, et c’est peut-être tant mieux. La seule manière d’arrêter le progrès des populistes avant mai 2014, est de miser sur un programme clair pour l’Union, qui répond aux vraies questions de la population européenne. Il reste dix mois.

Publié dans La Croix, 5 juillet 2013

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